Roubaix: sur le chantier du boulevard de Cambrai, des poireaux pour qu'on ne raconte pas des salades
Publié le 13/01/2016
Nord Eclair
Les riverains, qui ont porté le projet d’aménagement de cette artère, n’admettent pas que la Ville s’asseye sur l’esprit du projet qui a fait l’objet de quinze ans de réflexion. En cause, notamment, l’éclairage public ainsi que l’entretien des « jardins de trottoir ».
Ah il est loin d’être fini, le chantier des boulevards de Cambrai et Montesquieu ! Il n’a démarré qu’en septembre, il a été interrompu trois semaines en fin d’année, mais déjà Stéphane Reynaert crie au miracle. « Chez les habitants, c’est le soulagement : les maisons ne vibrent plus. Ils ne sont plus réveillés au passage des bus. » Le président de L’Entre 2 Parcs aurait toutes les raisons de se réjouir, s’il n’avait pas le sentiment d’être un peu mis sur la touche.
L’esprit potage…
« Si on ne se manifeste pas, c’est la concertation qui fout le camp. » L’association, qui est à l’origine du projet de réhabilitation de cet axe et surtout de son esprit de corridor vert, a rappelé ce week-end qu’elle était encore impliquée dans ce sujet. Dans un esprit potache tout autant que potage et profitant de trous percés par les marteaux-piqueurs, elle a installé des poireaux au beau milieu du chantier. Sauf qu’il n’y a pas loin du poireau au vinaigre. La raison : l’éclairage public.
Le filin ou la potence
Sur un côté de la route, la Ville a installé comme c’était prévu de grands mats d’éclairage ; le lampadaire au bout d’une potence éclaire parfaitement la chaussée. Sur l’autre trottoir, des lumières spécifiques doivent dominer le cheminement pour piétons et cyclistes. « Il y a même un architecte de lumière qui a travaillé sur le projet », rappelle Myriam Cau, élue municipale (EELV) et secrétaire de l’association. Sauf que, tout récemment, L’Entre 2 Parcs a appris que le projet allait changer.
Initialement, les lampes devaient être suspendues à un filin, entre un mat et les façades des habitations. « Cela nécessitait l’accord des propriétaires pour percer leur mur. On a passé beaucoup de temps à essayer de les convaincre mais quelques-uns refusent », observe Grégory Wanlin, adjoint (UDI) au maire en charge de l’aménagement des espaces publics. Faute d’accord, changement de projet : les lampes seront accrochées à des potences, depuis les mats. « Esthétiquement, c’est assez mineur », relativise l’élu qui ne comprend pas que l’association monte sur ses grands chevaux. Stéphane Reynaert est stupéfait. « Peut-être que des gens ne sont pas d’accord, mais c’est en amont qu’il fallait avoir l’avis des habitants. Il n’y a pas eu de concertation. On demande du courage politique, qu’on respecte les engagements. » Pour lui, ce revirement « est inacceptable et irresponsable. Le projet est méprisé. » L’association se réunira ce jeudi à 18 h pour décider de la suite des événements.